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November 26, 2004

Contemporanéité

(...) « Amender les hommes », voilà bien la dernière chose qu'il me viendrait à l'idée de promettre. Ce n'est pas moi qui dresserai jamais aucune idole nouvelle : les anciennes puissent-elles apprendre ce qu'il en coûte d'avoir des pieds d'argile. Renverser les idoles (et par « idoles », j'entends tout « idéal »), telle est plutôt mon affaire. Dans la mesure où l'on forgeait de toutes pièces un mensonger « monde idéal », c'est autant de sa valeur, de son sens, de sa véracité que l'on ôtait à la réalité... « Monde vrai » et « monde de l'apparence », traduisez : monde inventé par le mensonge et réalité... Le mensonge de l'idéal fut jusqu'ici l'anathème jeté sur la réalité, et l'humanité même en est devenue mensongère et fausse – jusque dans ses instincts les plus profonds – au point d'adorer les valeurs inverses de celles qui lui auraient garanti l'épanouissement, l'avenir, le droit éminent à un avenir.

Ecce Homo, Friedrich Nietzsche, Éditions Gallimard [pages 93 et 94, collection Folio/Essais (2002)]

Posted by Jean-Philippe on November 26, 2004 0 Comments, 263 TrackBacks

November 16, 2004

Abstract the form, Luke

bq. %[fr](...) Les fondateurs de la cybernétique n'avaient pas conscience de bâtier une //scienza nuova//. La révolution que constitua, dans l'histoire de la pensée, l'avènement de la science nouvelle était loin derrière eux (...). /Le fait d'abstraire la forme des phénomènes et, par là même, de se rendre capable de repérer des isomorphismes entre domaines différents, c'est la démarche modélisatrice par excellence, c'est la démarche scientifique même./ Si elle permet de proposer une théorie unifiée de la machine et du vivant quant à la catégorie de finalité, pensée en termes mécanistes et rebaptisée ""téléologie"", c'est là certes une avancée spectaculaire de la science quant à son extension ; ce n'est en aucune façon une rupture. Les cybernéticiens, en particulier, n'avaient pas la prétention de rompre avec la physique, ni de la dépasser. C'est au contraire dans son cadre, celui dans lequel ils avaient reçu leur formation scientifique, qu'ils entendaient situer les notions nouvelles. (...)%

Aux origines des sciences cognitives, Jean-Pierre Dupuy, Éditions La Découverte (1994)
[page 39, collection La Découverte / Poche (1999)]

Posted by Jean-Philippe on November 16, 2004 2940 Comments, 3286 TrackBacks

November 10, 2004

Toute ressemblance avec de précédents propos...

Je souligne :
« Comme les producteurs primaires et les demandeurs peuvent entrer directement en contact les uns avec les autres, toute une classe de professionnels risque désormais d'apparaître comme des intermédiaires parasites de l'information (journalistes, éditeurs, enseignants, médecins, avocats, cadres moyens) ou de la transaction (commerçants, banquiers, agents financiers divers) et voient leurs rôles habituels menacés. On appelle ce phénomène la « désintermédiation ». Les institutions et métiers fragilisés par la désintermédiation et l'accroissement de transparence ne pourront survivre et prospérer dans le cyberespace qu'en accomplissant leur migration de compétences vers l'organisation de l'intelligence collective et l'aide à la navigation. » (Remarquez la problématique du rôle des journalistes si l'on considère l'expansion continuelle de la blogosphère, identique à celle de la question des enseignants.)
et plus loin :
« Quant à l'exploitation économique des contenus en question, les manières habituelles de valoriser la propriété sur l'information (achat du support physique de l'information ou paiement de droits d'auteurs classiques) sont de moins en moins adaptées au caractère fluide et virtuel des messages. En abandonnant totalement toute prétention à la propriété sur les logiciels et l'information, comme certains activistes du réseau le proposent, on risque de revenir en deçà de l'invention du droit d'auteur et du brevet, à l'époque où les idées suées par des travailleurs du neurone pouvaient être bloquées par des monopoles ou appropriées sans contrepartie par des puissances économiques ou politiques. Mais à l'époque de l'économie de l'information et de la connaissance, plutôt que d'abandonner les droits de propriété sur toutes les formes de biens logiciels, ce qui reviendrait à une spoliation éhontée des producteurs de base, des nouveaux prolétaires que sont les travailleurs intellectuels, on semble plutôt s'orienter vers une sophistication du droit d'auteur. Ce perfectionnement se poursuit dans deux directions : passage d'un droit territorial à un droit du flux et passage de la valeur d'échange à la valeur d'usage. »

Qu'est-ce que le virtuel ?, Pierre Lévy, Éditions La Découverte (1998)
[pages 60 et 62, collection Poche]

Posted by Jean-Philippe on November 10, 2004 3 Comments, 169 TrackBacks

Un mois a sauté...

Aaaaaaaaarrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrreeeeeeeeeuuuuuuuuuuubouar !!! Me revoilou... Une absence de plus d'un mois bien longue pour mes envies d'expression... Avec un mois d'août pauvre en entrées, un mois de septembre à l'agonie et un mois d'octobre mort (terrassé par les immondices administratifs), la déchéance était presque fatale.
Plusieurs raisons à ce déclin. Tout d'abord, depuis fin juillet, j'ai investi un petit nuage qui m'a éloigné de mon ordinateur et a entraîné une réorganisation tohu-bohu-esque de mon emploi du temps. Ensuite, signalons que mon contrat de moniteur arrivait à son terme fin septembre, et que je m'inquiétais relativement à l'époque pour mon avenir financier... chose pour laquelle je m'inquiète toujours étant donné que mon salaire n'est pas versé – mais bon, je donne des cours depuis le mois d'octobre, donc ça finira bien par arriver (j'en dirai peut-être plus à ce sujet lorsque l'« affaire » sera terminée). Enfin, une envie de changement radical dans la manière dont je travaille (mais en fait un retour aux sources, i.e. à mes pratiques du collège).
En effet : pour faire les choses bien, il faut du temps et de la persévérance. Or, ne prenant ces dernières années pas assez de temps pour atteindre mes objectifs, je multipliais les activités passables (remarquez, tout est relatif...). Bref, cela fait quelques semaines maintenant que je réfléchis sérieusement à tout ça, et une structure a peu à peu émergé, sorte d'armature de mes expressions futures.
Sur le plan scientifique (pour l'instant ma thèse), cela veut dire lire, écrire puis coder. Lire de nombreux livres et articles en prenant des notes (environ deux heures par jour), rassembler ces notes : d'où la naissance d'ici quelques jours d'un nouveau blog et d'un wiki, tous les deux consacrés à mes activités de recherche, rampe de lancement vers la rédaction de ma thèse, processus créateur, mais surtout, accompagnateur. Coder, mais pas simplement ; avancer dans les implémentations, tout en blindant mes compétences en ingénierie.
Ainsi, lire des livres d'informatique, et les bons, ceux qui sont utiles : O'Reilly, Manning, Wiley (et d'autres, mais uniquement des maisons d'édition américaines). Se concentrer pour ces implémentations sur mon langage de prédilection actuel : Java.
Cependant, revenir encore sur ce que je connais : C/UNIX, C++, Python/Zope/Plone. Découvrir de nouveaux horizons : Perl 5. Revenir pour ne plus perdre, s'imprégner. Le faire avec entrain et volonté pour être sûr de ses connaissances.
Cela s'applique aussi à l'administration système. J'administre sans trop de problèmes du UNIX (surtout Sun Solaris), du *BSD ou GNU/Linux. Mais bizarrement, j'ai l'expérience sans la connaissance. Le savoir-faire sans le savoir. Les mois qui viennent vont tenter de remédier à cette dichotomie trop longtemps intériorisée.
Joel Spolsky évoquait brillamment qu'il est très difficile de maîtriser plusieurs galaxies informatiques en même temps (cf. Lord Palmerston on Programming et The Law of Leaky Abstractions ). C'est vrai, je pense effectivement que je suis ancré dans la galaxie UNIX... tout en étant un enfant de Microsoft Windows (les deux étant intimement liés de mon point de vue par mon expérience du DOS). Si les versions successives de Windows ou de Visual Studio ont été mes compagnons durant de longues années, jamais je n'ai vraiment cherché à tisser une expertise dans ces domaines... ça aussi, c'est une chose qui doit changer.
Et AMP (Apache/MySQL/PHP) dans tout ça ? Et oui ? J'ai bien écrit un livre sur le sujet, qui a plutôt rencontré un franc succès ? Quid de la suite que je promets depuis des lustres ? Effectivement je compte bien continuer à faire fructifier mon expertise du domaine, mais dans la même perspective de complétude (si c'est possible...), c'est-à-dire sans bâcler les choses. Et alors, ce livre ?
Ah, ah. Et bien j'ai fait ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, abandonner toute relation avec mon éditeur. Ceci pour plusieurs raisons. Tout d'abord, une dissonnance trop importante entre mon avis sur les productions de ma maison d'édition et la vision qu'en ont les acheteurs. La nouvelle voie que je trace m'impose l'humilité et le sérieux. Je ne pouvais plus continuer à écrire pour une maison dont les livres ne me semblaient pas toujours répondre aux exigences de qualité qui sont les miennes. Ensuite la réorganisation profonde et actuelle de mon emploi du temps ne me permet plus de suivre le rythme imposé par la maison d'édition, car je ne peux diluer la publication au jour le jour : écrire est un plaisir et doit le rester, le processus d'écriture et de diffusion des connaissances doit rester le plus léger possible. Encore, l'impression de me faire avoir financièrement : même pas 1/10 du prix de vente dans ma poche pour chaque livre vendu, alors qu'au final le travail de l'éditeur (relecture, mise en page, etc.) est réellement minime en terme d'apport ; sans compter que le prix des livres scientifiques est actuellement exhorbitant, surtout en France ! Enfin, et dans le prolongement du point précédent : l'envie d'utiliser les technologies actuelles de gestion du processus éditorial, et d'en faire profiter les lecteurs.
La mise à disposition de mon livre sous une nouvelle forme et avec un nouveau contenu sera donc le premier pas d'une volonté de mettre à plat mes connaissances de la galaxie PHP. Ma maison d'édition prendre peut-être l'initiative de sortir mon ancien livre dans une nouvelle édition, mais sûrement sans mon accord, et en tout cas, sans la qualité qui est celle que je m'impose pour mes publications.
Bref, s'organiser, organiser sa connaissance, ne pas perdre de temps et l'utiliser à bon escient, dans un but, et s'en donner les moyens.
Bien sûr, ne pas oublier le côté artistique, puisque tous les projets musicaux lancés sont à nouveau d'actualité...
Me revoilou !!

Posted by Jean-Philippe on November 10, 2004 5 Comments, 199 TrackBacks

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