« Une société s'élabore sur des projets qui vont contre la volonté des hommes. »
« (...)
Comment ça ? Attendre une société conviviale et fraternelle ? L'amitié ? Ça n'a jamais fondé une civilisation.
Vous avez bien une famille, des amis, des êtres humains avec lesquels vous entretenez des relations ? !
Attendez ! On parle de choses intimes ou de la civilisation ?
Je vois mal comment on peut détacher l'un de l'autre...
Ah bon ? ! Mais c'est inévitable. Comment peut-on envisager un peu de grandeur si on en reste à ces petites valences. Alors... On est gentils, on va au travail, le samedi on fait la fête, on est conviviaux... Ce n'est pas ça une société. Une société s'élabore sur des projets qui vont contre la volonté des hommes. C'est parce qu'on a voulu faire le bonheur des hommes qu'on est arrivés aux aberrations du XXe siècle. Une civilisation conviviale, c'est plus sympa, effectivement, mais ni les Grecs, ni les Perses n'étaient sympas. Et la qualité des relations humaines était largement supérieure à celle d'aujourd'hui. Une civilisation ne s'établit pas sur des valeurs de ce type, je ne crois pas à ces conneries.
(...) »
Écrire nous rend de plus en plus cinglés - Entretien avec Maurice G. Dantec par Richard Comballot, in Maurice G. Dantec, Périphériques - essais et nouvelles (2003)
[page 85, Éditions Flammarion]
Posted by Jean-Philippe on May 04, 2003 at 08:25 PM 20 Comments, 0 TrackBacks
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