L'effondrement nécessaire pour prendre l'air
« John J., le premier John J., était venu ici après l'effondrement des cités, après que les hommes eurent abandonné à jamais les tanières du XXe siècle, après qu'ils se furent libérés de l'instinct grégaire qui les poussait à se rassembler dans une caverne ou dans une clairière pour affronter un ennemi commun ou une angoisse commune. Un instinct qui avait passé de mode puisqu'il n'y avait plus d'ennemis ni de peurs à combattre. L'homme s'était révolté contre cet instinct que les conditions économiques et sociales lui avaient imposé jadis. Une nouvelle sécurité morale et matérielle avait permis la dispersion du troupeau.
Les premières traces de cette dispersion remontaient au XXe siècle, à plus de deux cents ans en arrière, à l'époque où les hommes étaient allés s'installer à la campagne pour avoir de l'air, de l'espace et une vie agréable que l'existence communautaire, sous sa forme la plus stricte, ne leur avait jamais donnée.
Et le résultat était là. Une vie paisible. Une paix que seules pouvaient donner les bonnes choses de ce monde. Le genre de vie à quoi les hommes aspiraient depuis des années. Une existence seigneuriale fondée sur des demeures ancestrales et de vastes domaines, où les atomes fournissaient l'énergie nécessaire et où les robots remplaçaient les serfs. »
Clifford D. Simak, Demain les chiens (City, 1952 - 1953 pour la traduction française)
[page 62-63, Éditions J'ai lu]
Posted by Jean-Philippe on September 02, 2003 at 05:40 AM 12 Comments, 0 TrackBacks
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