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October 2003 entries.

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October 30, 2003

Sémiotique de la taverne

Cédric aime les pommes, les poires et les oranges. Pour lui tout peut être expliqué à l'aide de ces entités bien concrètes.
Dans un autre genre, Jean-Philippe traîne son allégorie du cube rouge au milieu d'une patinoire.
Et Hilbert aime les tavernes :


« (...) En septembre 1891, il suivit une conférence de Hermann Wiener qui suggéra la possibilité de développer la géométrie projective de façon axiomatique, à partir des théorèmes de Pascal et de Desargues. C'est à cette occasion que Hilbert dit : « On devrait toujours pouvoir remplacer “points, lignes et plans” par “tables, chaises et canettes de bière” » (Blumenthal (1935), p. 403.). En d'autres termes, il devrait être possible de dépouiller les arguments de mots qui pourraient introduire subrepticement un sens et impliquer une validité que la structure logique de l'argument ne peut, en fait, posséder. S'il n'était pas le premier à souligner ce point, il en saisit la signification plus profondément. »

Jeremy J. Gray, Le Défi de Hilbert - Un siècle de mathématiques - Introduction de Pierre Cartier (The Hilbert challenge, 2000 - 2003 pour la traduction française)
[page 51, Éditions Dunod, collection UniverSciences]


Posted by Jean-Philippe on October 30, 2003 15 Comments, 0 TrackBacks

« Les rencontres par Internet »

« Les rencontres par Internet vont prendre un nouvel élan. Bientôt on poura mettre son autoportrait filmé par webcam et indiquer toutes les caractéristiques de la personne qu'on recherche : âge, région, hobbies, couleur des yeux, etc. Bientôt on ne rencontrera plus les gens par hasard. Tu te présenteras sur le Net avec une photo ou un film, et tu préciseras : « Je cherche une rousse obsédée bisexuelle à tendance échangiste, avec des gros seins et un sexe étroit, qui aime les disques de Cat Stevens et le basket-ball, le cinéma de Tarantino et le Parti républicain ». Ton portable ou ton mail te préviendra dès que quelqu'un correspondant à tes critères sera dans ton quartier. Plus besoin de sortir dans des bars à la con. Quel dommage, je ne verrai pas ce monde parfait, aux rencontres rationnelles comme des annonces immobilières. Je voulais vivre dans le virtuel mais je vais mourir dans la réalité. »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 306, Éditions Grasset]

Posted by Jean-Philippe on October 30, 2003 14 Comments, 0 TrackBacks

Utopies du XXe siècle

« Il y a une utopie communiste et cette utopie s'est arrêtée en 1989. Il y a une utopie capitaliste et cette utopie s'est arrêtée en 2001. »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 203, Éditions Grasset]

Posted by Jean-Philippe on October 30, 2003 7 Comments, 0 TrackBacks

October 29, 2003

Franchissement de murs

« (...) Je prends un air blasé quand nous franchissons le mur du son au-dessus de celui de l'Atlantique... (...) »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 196, Éditions Grasset]


Posted by Jean-Philippe on October 29, 2003 10 Comments, 0 TrackBacks

Le grand saut

« (...) Ils ont sauté tout simplement parce qu'à l'extérieur il faisait moins chaud qu'à l'intérieur. Tu sais, on a beau être spécialisé dans les fusions-acquisitions, ça fait une impression bizarre d'être en fusion tout court. (...) »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 191, Éditions Grasset]

Toute référence aux frères Cohen est... à votre guise.

Posted by Jean-Philippe on October 29, 2003 15 Comments, 0 TrackBacks

Beigbeder et awareness

« « Les plantes sont plus aware que les autres species » ; « Manger des cacahuètes, it's really a strong feeling ». J'aime bien le franglais ; c'est la langue du futur. Un livre vient de sortir qui en fait l'éloge : un florilège de citations de Jean-Claude Van Damme, acteur de karaté d'origine belge installé à Hollywood. « La drogue c'est comme quand tu close your eyes. »« Un biscuit ça n'a pas de spirit. » En 2050, tout le monde speakera comme Jean-claude Van Damme, le héros du film Replicant. « Mourir c'est vraiment strong ». Les jeunes gens enfermés dans un loft audiovisuel ont embrayé le pas alerte du cybord belge, très spontanément : « Je suis pas très free du body », « Moi je dis yes à la life », « Est-ce que tu kiffes la night ? », « Je navigue au feeling ». Il ne faut pas avoir peur des mots anglais. Ils s'intègrent paisiblement à notre idiome, afin de créer la langue mondiale, celle qui désobéit à Dieu : la langue unique de Babel. Les words du world. Le nouveau vocabulaire des SMS (« A12C4 »), les logos d'internet :-), l'évolution de l'orthographe kidélirgrav, la popularisation du verlan, tout cela contribue à fabriquer la novlangue du troisième millénaire. Anyway, whatever. Laissons le dernier mot à Jean-Claude Van Damme : « Une seule langue, une seule monnaie et pas de religion, et on s'en portera tous mieux. Mais on n'est pas là pour parler politique. » »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[pages 175-176, Éditions Grasset]

Ceux qui ont lu les dernières pages de mon mémoire de DEA de Sciences Cognitives comprendrons que je sois mort de rire à l'idée que Frédéric ait choisi la même citation de Van Damme pour attaquer son chapitre que moi pour clore mon mémoire.
Je me demande cependant pourquoi il n'accorde pas le franglais suivant les règles de la grammaire française... Tant de questions sans réponse.

Posted by Jean-Philippe on October 29, 2003 12 Comments, 0 TrackBacks

Beigbeder et le ressassement de soi

« (...) Dans ce nouveau monde, l'amour durait trois ans, grand maximum. (...) »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[pages 177, Éditions Grasset]

C'est dingue comme Frédéric est autoréférentiel, y'en a partout des bouts comme celui-ci...

Posted by Jean-Philippe on October 29, 2003 19 Comments, 0 TrackBacks

Célibat et plouf cacaboudin

« Ce qui est positif dans le célibat, c'est qu'on n'est pas obligé de tousser pour couvrir le plouf quand on fait caca. »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 135, Éditions Grasset]


Posted by Jean-Philippe on October 29, 2003 18 Comments, 0 TrackBacks

Tour-ista

« (...) Pour penser à autre chose, une grave interrogation sémantique me saisit : quel verbe utiliser pour désigner un avion se posant dans un immeuble ? « Atterir » ne convient plus puisqu'il n'est plus question de toucher terre (même problème en anglais : « to land » suppose la présence d'un pays sous les roues). Je propose « immeublir ». Exemple : « Mesdames et Messieurs, ici votre commandant de bord. Nous approchons notre destination et allons donc bientôt immeublir à Paris. Nous vous remercions de relever vos tablettes, de redresser votre siège et d'attacher vos ceintures. Nous espérons que vous avez fait un agréable voyage en compagnie d'Air France et regrettons de ne plus jamais vous revoir sur nos lignes, ni ailleurs. Préparez-vous à l'attourissage. » »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[pages 119-120, Éditions Grasset]


Posted by Jean-Philippe on October 29, 2003 13 Comments, 0 TrackBacks

October 28, 2003

Vacuité traumatique

« (...) Je suis traumatisé par mon absence de traumatisme. (...) »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 60, Éditions Grasset]


Posted by Jean-Philippe on October 28, 2003 17 Comments, 0 TrackBacks

Un penseur d'aujourd'hui

« (...) J'écris ce livre parce que j'en ai marre de l'antiaméricanisme hexagonal. Mon penseur français préféré, c'est Patrick Juvet : « I love America. » (...) »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 28, Éditions Grasset]

Posted by Jean-Philippe on October 28, 2003 12 Comments, 0 TrackBacks

De la didactique historique

« (...) Les petits me demandent : « C'est quoi un Français ? » Je leur apprends que la France est un petit pays d'Europe qui a aidé l'Amérique à se libérer du joug des Anglais entre 1776 et 1783, et que, pour les remercier, nos soldats les ont délivrés des nazis en 1944. (Je simplifie un peu pour raisons pédagogiques.) »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[pages 24-25, Éditions Grasset]


Posted by Jean-Philippe on October 28, 2003 14 Comments, 0 TrackBacks

Il était une fois... the End of the World

Comme indiqué précédemment, Frédéric nous a pondu un nouveau roman, consacré à la tragédie du World Trade Center, événement funeste qui, entre ses mains habiles, prend une dimension sociale toute particulière.

« Vous connaissez la fin : tout le monde meurt. Certes, la mort arrive à pas mal de gens, un jour ou l'autre. L'originalité de cette histoire, c'est qu'ils vont tous mourir en même temps et au même endroit. Est-ce que la mort crée des liens entre les hommes ? On ne dirait pas (...). »

Frédéric Beigbeder, Windows on the World (2003)
[page 11, Éditions Grasset]


Posted by Jean-Philippe on October 28, 2003 18 Comments, 0 TrackBacks

October 27, 2003

De la francité


« (...) « Un Français qui ne prend rien en considération en dehors de la France est-il plus français ? Ou moins français ? En fait, être français, c'est justement prendre en considération autre chose que la France (Gombrowicz, Journal 1957-1960, Denoël, 1976, p.25). » Phrase admirable qui explique l'attrait que la France a longtemps exercé sur les étrangers chassés de chez eux par la bêtise haineuse du Volksgeist. Si, par exemple, Emmanuel Lévinas, quittant la Lituanie en 1923, a choisi de faire ses études à l'université de Strasbourg, c'est parce que « la France est un pays où l'attachement aux formes culturelles semble équivaloir à l'attachement à la terre (Lévinas, « Portrait », in Les Nouveaux Cahiers, no 82, automne 1985, p.34) ». La France ne se réduit pas à la francité, son patrimoine n'est pas composé, pour l'essentiel, de déterminations inconscientes ou de modes d'êtres typiques et héréditaires mais de valeurs offertes à l'intelligence des hommes, et Lévinas lui-même est devenu français par amour pour Molière, pour Descartes, pour Pascal, pour Malebranche – pour des oeuvres qui ne témoignent d'aucun pittoresque, mais qui, prenant en considération autre chose que la France, sont des contributions originales à la littérature universelle ou à la philosophie.
Cet idéal est aujourd'hui en voie de disparition.  »

Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée (1987)
[page 138-139, Éditions Gallimard, collection folio essais]

Posted by Jean-Philippe on October 27, 2003 16 Comments, 0 TrackBacks

Définition stalinienne d'une nation


« (...) c'est la définition donnée en 1913 par Joseph Staline qui a fini par l'emporter : « La nation est une communauté humaine, stable, historiquement constituée, née sur la base d'une communauté de langue, de territoire, de vie économique et formation psychique qui se traduit dans une communauté de culture (Staline, Le communisme et la Russie, Denoël, coll. Médiations, 1968, p.85). » »

Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée (1987)
[pages 101-102, Éditions Gallimard, collection folio essais]

En lisant ces quelques lignes, la chose la plus surprenante pour moi fut de constater qu'il s'agissait quasiment de la définition que j'avais apprise en histoire au collège et/ou au lycée. Peut-être que nous parlions plutôt d'une « communauté d'intérêts », mais là je me mélange peut-être avec la définition d'un groupe au sens large (une vision consensuelle du groupe restreint étant, rappelons-le, celle d'un « Ensemble de personnes poursuivant en commun certains objectifs ») :

« Le groupe est un champ psychosocial dynamique constitué d'un ensemble repérable de personnes dont l'unité résulte d'une certaine communauté du sort collectif et de l'interdépendance des sorts individuels. Ces personnes, liées volontairement ou non, sont conscientes les unes des autres, interagissent et s'interinfluencent directement. »

C. Leclerc, Comprendre et construire les groupes (1999)
[Québec: Les Presses de l'Université Laval]

Notons que la vision d'un groupe au sens large s'applique plutôt pas mal à une nation...

Posted by Jean-Philippe on October 27, 2003 19 Comments, 0 TrackBacks

La constitution d'une nation comme folie


« (...) En se rassemblant dans le dessein de faire une constitution, les révolutionnaires ont cru réitérer le pacte primordial qui est à l'origine de la société. Pour établir le régime d'assemblée, ils se sont autorisés du contrat social. Or, répondent les défenseurs de la tradition, il n'y a jamais eu de contrat : un citoyen n'appartient pas à sa nation en vertu d'un décret de sa volonté souveraine. Cette idée est une chimère, et cette chimère a engendré tous les crimes. « Une assemblée quelconque d'hommes, écrit Joseph de Maistre, ne peut constituer une nation. Une entreprise de ce genre doit même obtenir une place parmi les actes de folie les plus mémorables (J. de Maistre, Oeuvres complètes, I, Vitte, Lyon, 1884, p. 230.). » »

Alain Finkielkraut, La défaite de la pensée (1987)
[page 25, Éditions Gallimard, collection folio essais]

Posted by Jean-Philippe on October 27, 2003 22 Comments, 0 TrackBacks

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